Jour 6 : Saint-Jacques de Compostelle

Publié le par La Compostelle Harley Team

Le sixième jour, Dieu créa la flotte. Beaucoup.
A mi-chemin, nous nous devions de profiter d’une journée de repos pour visiter cette ville de légende, nichée au fin-fond de la Galice. Cela n’aura pas été chose facile, les éléments persistant dans la signature de leur affront ridicule. Pour être tout à fait honnête, toute cette pluie et ce ciel de plomb ont quelque peu endommagé notre moral en milieu d’après-midi (à part celui de Paolo, notre photographe Duracel, que rien n’épuise ni n’accable, et qui conserve en toute circonstance un sens de l’humour bien à lui). Mais les quatre garçons dans le vent que nous sommes ne pouvaient capituler. The show must go on. Rapidement, nous avons repris du poil de la bête (celle numérotée 666) et retrouvé le sourire dans le dialogue et la farce, notre plus fidèle compagne.

Mais revenons au début. La journée a commencé par un petit-déjeuner tardif, puis Manu et Christophe se sont dévoués, braves garçons, pour porter nos affaires à la laverie pendant que nous travaillions à nos vidéos, avec application, et un peu de Coca Light aussi.
Ensuite, visite de la ville. N’ayant pas pensé, bêtement, à emmener nos scaphandriers, nous éprouvons une nouvelle fois l’étanchéité de l’épiderme humain. Plus grande qu’on ne l’imaginait, la vieille ville nous accueille, aquatique, dans ses venelles pentues et pavées. L’eau, en trombe, dégouline au milieu de la chaussée et évoque l’archaïque caniveau médiéval où coulait jadis, en plein milieu des rues, tous les déchets de la cité.
Au centre de Compostelle se trouve un étonnant trompe-l’œil : maquillée en cathédrale se dresse une gigantesque tirelire où les milliers de pèlerins viennent vider leurs poches, sans doute pour s’alléger sur le chemin du retour. C’est en tout cas l’effet quelque peu désagréable que nous fait la cathédrale, où ce bon vieux Jésus, qui n’était pas des plus à l’aise avec les marchands du temple, n’aurait sans doute pas goûté la présence, tous les deux mètres, de boîtes à offrandes, ni celle de ces bougies électriques qui, au lieu de véritables cierges, s’allument quelques instants quand on glisse une pièce dans la fente… L’horreur absolue. Nous sommes loin de la splendeur raffinée de la cathédrale de Burgos, qui nous avait tous envoûtés, mais ne dites pas à Christophe que c’était une cathédrale, il croit toujours que c’était une synagogue. Ici, presque autant qu’à Lourdes, l’odeur de la bigoterie fétichiste et de la spiritualité lucrative donnent un peu la nausée.
Qu’importe, nous essayons de nous concentrer sur le travail des artisans de jadis, somptueux malgré tout, et observons, curieux, les symboles discrets sculptés ici et là dans les piliers, signatures probables des vénérables bâtisseurs.
La pluie n’ayant toujours pas cessé, nous décidons de rentrer à l’hôtel, qui pour se reposer, qui pour avancer sur notre travail documentaire (eh oui, on n’est pas uniquement là pour goûter du pinard, mais aussi pour préparer un livre graphique et un roman…).
Le soir venu, nous nous rendons au restaurant Carretas, où l’on mange fort bien (délicieuses soupes de légume et paëlla remarquable) mais pour des prix bien plus parisiens que ce à quoi l’Espagne nous a habitués. Petit plus : le serveur, accort, visiblement ravi de pouvoir pratiquer notre langue après avoir quitté la France depuis une vingtaine d’années, nous sert un vin blanc maison tout à fait charmant. Nous profitons de l’ambiance calfeutrée des lieux pour partager nos impressions sur l’aventure humaine que nous vivons ensemble. Nous formulons timidement le plaisir que chacun éprouve à nouer les liens d’un quatuor amical simple et sincère, puis nous parlons de moto, parce que faut pas déconner, non plus.
Epuisés par la pluie et le voyage, nous décidons de nous coucher tôt pour reprendre des forces avant de nous lancer demain, par la côte, sur le chemin du retour. La soirée s’achève donc rapidement sur deux bonnes notes : la pluie a enfin cessé, et deux musiciens de rue plutôt doués ont pris la place de l’horrible cornemuseur qui s’évertuait depuis des heures à massacrer le Boléro de Ravel avec la délicatesse d’un bûcheron canadien bourré. La soirée se termine paisiblement dans l’une de nos chambres d’hôtel à uploader pour toi, cher lecteur, textes et photos, car tout ce qui n’est pas donné est perdu.



Let the good times roll, et à demain !
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Y
Salut,<br /> Je confirme le rital a mauvaise foi.<br /> Ça a l'air cool votre pélerinage. <br /> Bravo pour cette œuvre collective et agnostique.<br /> <br /> En rentrant, Paolo, appelle-moi ou Trambert ...
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M
Elle a raison la p'tite dame du d'ssus. Voir 4 motards sous le soleil aurait eu un arrière-goût d'image d'Epinal. Alors que là, on souffre presque avec vous dans cette traversée héroïque !<br /> Perso, je regrette juste de ne pas avoir pu profiter aussi du bûcheron canadien qui joue de la cornemuse en guise de bande-son sur le teaser...<br /> Bisettes *
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C
Big Joke !!<br /> Salut les tard-mos<br /> Nathalie est moi suivons jours après jours vos aventures et elles m’ont fait repenser à ce que m’a dit Henri il n’y a pas très longtemps « Tu roules sur une moto sans âme » (traduisez une Japonaise !! Berk ??!!) <br /> Considérons qu’une Harley Davidson possède donc une âme, cela explique peut-être quelques événements qui vous sont arrivés, ainsi que, peut-être, une corrélation avec votre « pèlerinage ».<br /> Analysons…<br /> Rapidement, une de vos magnifiques machines a cramé son embrayage : Cette odeur fétide serait-elle la destruction d’une âme de moto hérétique, comme l’aurait fait, en son temps l’ignoble « Sainte église de l’inquisition » ?<br /> Ensuite, plus vous vous approchiez de Compostelle, plus la pluie tombait drue : Serait-ce un baptême et une purification de toutes vos âmes, hommes et machines, avant que vous ne fouliez ce sol sacré ? (bon, d’accord, normalement ça se fait avec une toute petite coupelle !!)<br /> Il reste une chose mais je ne sais pas si je peux….Et puis si, car elle est trop facile pour un conducteur de Japonaise !! Vous êtes arrivés sans perdre aucune pièce de vos motos !!! Si ça ce n’est pas une action divine ?!<br /> Bref, tout ceci n’est qu’une boutade entre motards, il n’en reste pas moins que quelque soit la machine, j’aurai vraiment rêvé d’être en votre compagnie !!<br /> <br /> Et enfin, une petite chose qui n’a rien à voir, mais que j’ai entendu dernièrement :<br /> La SNCF à décidé de citer la femme de Saint Jacques II (descendant de Saint Jacques) comme « cliente d’honneur », car comme le dit l’article :<br /> A l’inverse de nombreux usagers et malgré ses relations qui lui permettrait de ne pas payer ses billets, la femme de Saint Jacques II composte, elle !!! (Je sais, je sais, mais c’est au niveau de celles d’Henri non ?)<br /> <br /> Heu, vous avez des prix chez Harley ? parce que j’échangerais bien ma Jap contre une VRSCDX Night road Spécial !!!<br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> Christian
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K
Vous avez fait vos sacs, enfourché vos motos, quitté votre confort, affronté les éléments hostiles, partagé joies, souffrances, nourritures terrestres et spirituelles, rire (!) et vaincu (pas même une grippe!)
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N
"Nous formulons timidement le plaisir que chacun éprouve à nouer les liens d’un quatuor amical simple et sincère, puis nous parlons de moto, parce que faut pas déconner, non plus." exception qui confirme la règle minijupale de BB du "Je n'ai besoin de personne en Harley-Davidson...".
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